Comment transcrire le phonème [o] en finale, en français ?
Cette question peut se poser à tout apprenant.e de la langue française, francophone ou allophone. En effet, sauf à faire des recherches étymologiques (et encore) la distribution des lettre, digraphe ou trigraphe semble bien être arbitraire.
Sur les 12.000 mots* les plus occurrents de la langue française des années 2000, on trouve 205 termes qui se terminent par le phonème [o].En partant du principe que nous considérons qu’un terme peut être considéré comme accessible aux apprenant.es à partir de 75% d’une classe d’âge, la graphie de ce phonème et la réussite des élèves de l’école primaire si distribuent comme suit :
- ’o’ 73 termes ont été proposés aux élèves.
Réussite en CP : 14, CE1 : 15, CE2 : 25, CM1 : 28, CM2 : 35
On pourrait s’étonner que les élèves n’aient pas davantage réussi ce qui s’apparente à une relation phonographique simple [o] = ‘o’, mais ce serait mal connaitre les fonctionnements des jeunes apprenant.es qui craignent toujours de ne pas ajouter des lettres aux termes qui leur paraissent simples tant on leur apprend à « chercher des mots de la même famille ». Nous y reviendrons dans un prochain post.
- ‘eau ‘ 77 termes proposés.
CP : 3, CE1 : 10, CE2 : 22, CM1 : 29, CM2 : 41.
On pourrait être surpris qu’il y ait à peu près le même nombre de termes qui se terminent par ‘o’ que des termes qui ont une terminaison en ‘eau’. En effet, il semblerait que l’enseignement se focalise davantage sur ce trigraphe que sur la lettre simple. Ceci expliquerait peut-être les résultats pour les mots en ‘o’…
- ‘ot’ 42 termes proposés
CP : 0, CE1 : 2, CE2 : 10, CM1 : 15, CM2 : 17
Cela montre que l’imprégnation par la lecture en donne pas toujours les résultats escomptés puisque les élèves de CP buttent sur l’orthographe du terme « mot » qu’ils ou elles ont pourtant rencontré bien des fois au cours de leur scolarité… On remarque également que « un escargot est davantage réussi qu’un abricot ». Le fameux mot de la même famille serait-il un réflexe d’adulte sachant d’ores et déjà orthographier ce terme ?
- ’aut ‘ : 8 termes proposés.
2 termes seulement sont orthographiés selon la norme à partir du CE2 et ceci jusqu’en CM2 : « haut et saut ». Aucun mot n’est correctement écrit avant ce niveau de classe, même si les apprenant.es connaissent parfaitement leurs significations et l’emploient couramment.
Outre les deux mots cités plus haut, les termes proposés à la sagacité des élèves sont : un artichaut, un assaut, un défaut, là-haut, un soubresaut, et un sursaut. Il est à noter que nombre d’adultes s’interrogent souvent sur l’orthographe de « un artichaut »…
- ‘au’ : 5 termes proposés.
Aucun d’entre eux n’a été réussi à 75% par les élèves des classes primaires. Il s’agit de : un joyau, un étau, un fléau, un noyau et un tuyau. Nous remarquons tout de même que ces termes comprennent d’autre difficulté que la terminaison graphique et que la cause de la non-réussite ne réside peut-être pas dans le digraphe attendu.
Cette analyse permet de comprendre combien la graphie du phonème [o], en finale est ardue pour les apprenant.es et que cela implique un apprentissage spécifique, regroupant les termes à graphie terminale semblable.
Dans un prochain post nous étudierons plus spécifiquement la graphie de la quarantaine de mots français se terminant par ‘o’ en les classant selon leur étymologie et provenance.
- Toutes les statistiques sont tirées du livre ÉOLE (Échelle d’acquisition en Orthographe LExicale), Béatrice & Philippe POTHIER, éditions RETZ, 2020 (quatrième édition).