Le mot « problème » a été dérivé en adjectif et donne alors … problématique. Il est très possible de l’utiliser par exemple lorsque l’on se trouve devant un cas problématique, ce qui signifie « qui pose problème ». En médecine, par exemple, moult fois cet adjectif s’utilise pour expliquer que l’on ne sait pas vraiment de quoi il s’agit ou lorsque le remède n’est guère évident. C’est ennuyeux d’avoir un problème dont on ne connait pas la solution !
De fait, il en est exactement du contraire lorsqu’il s’agit d’une « problématique ». Tous les chercheurs, thésards ou confirmés, se sont attelés un jour à trouver une problématique circonstanciée pour leur travail de recherche ! En effet, lorsque l’on s’attelle à une recherche, il faut – dans l’idéal – connaître, avoir lu et intégré les différents écrits qui ont trait au même domaine, les avoir « digérés » afin de pouvoir s’en servir, les critiquer, les améliorer, afin d’apporter soi-même sa pierre à l’édifice, que cette pierre soit un menu caillou ou une énorme découverte !
De fait, une problématique est une grille de lecture, d’interprétation… Si l’on voulait exagérer un tant soit peu, on dirait que personne n’irait jusqu’à dire « qu’il ou elle a une problématique au genou »… Un problème de ménisque, d’arthrose, de ligaments croisés, de tendon… La liste peut être très longue, mais lorsque le « problème » a été identifié, les spécialistes savent ce qu’il faut faire. Lorsque ce « problème » a été reconnu, il peut être soigné.
Si les spécialistes ne pensent pas savoir de quel « problème » il s’agit, ils/elles vont devoir chercher encore et alors, ils/elles vont se trouver devant une problématique complexe. Il faudra chercher plus avant, lire les différents articles afférant au sujet, comprendre comment les choses sont arrivées, voir s’il y a des antécédents familiaux de ce même dysfonctionnement, etc.
Il est coutume de dire aux thésard.es que lorsqu’ils/elles ont réussi à formuler « leur problématique », le travail de recherche peut non seulement commencer mais il a toutes les chances d’aboutir moyennant quelques années de labeur intensif et pas mal de nuits blanches.
Exemples de problèmes :
- Le lave-vaisselle ne fonctionne plus (je dois téléphoner au plombier)
- J’ai raté le train (ou il est momentanément supprimé !)
- Il y a un « bug » sur mon ordinateur et je n’y connais rien…
Exemples de problématiques :
- La langue française emprunte depuis longtemps déjà des éléments linguistiques (lexique ou syntaxe) à l’anglo-américain. Si l’on part du principe que l’individu voit le monde à travers sa langue (hypothèse Sapir-Whorf), quelles conséquences cela peut-il avoir sur notre vision du monde ?
- La langue française n’existe pas, elle est multiple et il serait plus juste de parler « des langues françaises ». Les accents sont une part de cette diversité, mais comment sont-ils perçus par les francophones qui ne les partagent pas et ne sont pas même conscients que tout le monde parle avec un accent (l’accent est dans l’oreille de celui qui entend). Quelles sont les perceptions des divers accents par les personnes censées parler la même langue ?
Par ces divers exemples, il est possible de constater qu’un problème peut être résolu par un expert voire par le commun des mortels mais qu’une problématique demande recherches, connaissances propres, temps et assiduité. Une problématique n’est en rien un problème ! En bref, on subit un problème, mais on recherche (à partir d’) une problématique !