Les mots de la même famille ?

Pour trouver ex nihilo la graphie d’un terme que l’on ne connait pas, en français, la résolution du problème n’a rien d’évident ! En effet, , il serait judicieux de penser que :   

  • d’une part les élèves ne se posent pas de question de ce type « naturellement ». Il a été prouvé que lorsqu’un enfant a écrit, il n’a pas vraiment le réflexe de se poser des questions concernant la façon dont il a transcrit tel ou tel terme. Ceci doit faire l’objet d’un apprentissage systématique. Lorsque l’apprenant a compris que l’orthographe en français consiste à se poser les (bonnes) questions, il n’a plus guère de difficulté. Par exemple :
    • S’il s’agit d’orthographe syntaxique, il lui faudra réfléchir et faire en sorte d’établir des rapports entre les éléments constitutifs de la phrase entre eux. S’il a travaillé la notion, s’il l’a comprise, il doit réussir à répondre à ses interrogations.
    • S’il s’agit d’orthographe lexicale,  il devra aller chercher la réponse à sa question là où il sait pouvoir la trouver, c’est-à-dire soit dans une adresse à la personne avec qui il se trouve au moment où il s’interroge soit, dans le dictionnaire. Pour qu’il arrive à ce stade, il lui faut avoir des modèles devant lui qui font systématiquement cette démarche. Alain ne disait-il pas que : « L’exemple n’est pas un moyen d’éducation, mais LE moyen d’éducation. » ? La difficulté réside dans le fait qu’il s’avère difficile d’amener les apprentis scripteurs à s’interroger sur leurs écrits.
  • D’autre part, si ce point de maturité est acquis, les adultes qui savent comment s’écrivent les termes, cause de perplexité chez les plus jeunes, leur proposent de « chercher un mot de la même famille » pour trouver « la lettre muette ou étymologique finale ». Ce conseil, pour judicieux qu’il soit, ne doit pas masquer la difficulté à choisir le « bon mot ».
    • Tel cet élève qui, désirant transcrire le mot « loin », s’est longuement interrogé sur le mot de la même famille qui pourrait le renseigner sur la putative lettre muette terminale et qui, tout content d’avoir trouvé, proposa « loint » parce qu’il l’avait rapproché de « lointain ». Ce terme est réussi par 95% des élèves à la fin de la troisième année de primaire.
    • Un autre exemple peut montrer à quel point ces recherches peuvent se montrer infructueuses. Un élève de troisième année primaire, désirant utiliser le mot « le plomb », s’interroge sur les possibles rapprochements sémantiques qui lui permettraient  de trouver l’exacte terminaison graphique de ce terme. Se souvenant des dernières vacances passées au bord de la mer, il revoit son père se plaindre que sa ceinture, trop peu lestée de plomb, ne l’entraîne pas assez profondément dans la mer lorsqu’il fait de la plongée. L’enfant rapproche ainsi le mot « le plomb » avec « la plongée » et écrit, sûr et fier de son travail, « le plong ». En constatant les pourcentages de réussite dans l’orthographe de ce terme (année 1 : 0%, année 2 : 2%, année 3 : 43%, année 4 : 51% et année 5 : 52%), il apparaît impossible qu’un enfant de cet âge puisse rapprocher le terme « plomb » de « plombier » ou « plomber » comme le lui suggèrent les adultes pour qui la relation est « évidente » ! En revanche, comment ne pas féliciter ces enfants d’avoir fait ce qui leur a été préconisé par leurs enseignants et tous les adultes qui cherchent à les aider de leurs conseils avisés, et dont la seule difficulté est de se mettre « à la place de l’enfant » ?

Pour nous laisser le temps de réfléchir, nous attendrons la semaine prochaine pour regarder d’autres exemples. …

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