Les dernières statistiques à propos des locuteurs en « langues de France »
1 à 4 millions de locuteurs en occitan (sur 33 départements !)
545 000 locuteurs en alsacien (dont 500 000 en Alsace)
297 000 locuteurs bretonnants
75 000 locuteurs le basque en France, mais 700 000 bascophones dans le Pays basque (des deux côtés de la frontière).
105 500 locuteurs adultes qui parlent le corse (sur 350 000 habitants !)
20 000 locuteurs flamands qui le parlent quotidiennement, 50 000 occasionnellement
Ces langues ont été pourchassées durant plusieurs décennies ce qui a presque provoqué leurs éradications. (Tout comme la Langue des Signes Française – LSF – dont nous reparlerons prochainement). Depuis que Jules Ferry a rendu l’école obligatoire, le français seul était autorisé à l’école. Chacun.e se souvient du livre de Pier-Jakez Elias « Le cheval d’orgueil » dans lequel il raconte l’ignominie du système scolaire d’alors. Le breton étant interdit jusque dans les cours d’école, les élèves que l’on entendait s’exprimer grâce à cet idiome – parlé à la maison – devaient porter au cou « le sabot », dont il devait se débarrasser avant l’heure de la sortie des classes sous peine de sanction. Ce processus revenait à dénoncer un camarade pour se débarrasser au plus vite de cette pierre d’infamie qui dénonçait l’appartenance au monde paysan !
La raison de cette chasse à la langue régionale venait du fait que l’on pensait que cette pratique linguistique se révélait nuisible pour l’apprentissage de la langue française et constituait un frein au sentiment d’appartenance à la Nation (rappelons que nous étions, à cette époque, à la veille de la guerre mondiale).
Chemin faisant, la transmission des langues régionales s’est ainsi progressivement interrompue après la Première Guerre mondiale, dans l’hexagone tout au moins. Les parents, eux-mêmes bretonnants, bascophones, parlant le corse, l’occitan ou le catalan interdisaient à leurs propres enfants de parler la langue régionale.
Or, les études en didactiques des langues ont démontré que :
« Un enfant qui suit des études bilingues présente en général des résultats scolaires supérieurs, notamment en français, en langues étrangères et même en mathématiques ».
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
La Loi Deixonne de 1951 a autorisé l’apprentissage optionnel de certaines langues régionales (le breton, le basque, l’occitan et le catalan) et en 1977, les écoles immersives en langues régionales, associatives et privées, ont été créées et peuvent être sous contrat avec l’État.
La circulaire Savary de 1982 a permis de développer des filières bilingues, dans lesquelles les élèves étudient dans les deux langues : la langue régionale et le français, un certain nombre de matières étant enseignées en langue régionale.
Les « nouvelles » réformes du baccalauréat et celles du lycée n’aident pas à la pratique des deux langues à l’École, pratique qui mettrait les deux idiomes sur un même plan. Un des arguments avancés qui freinent le maintien de ces options serait le manque d’examinateurs/trices pour certaines de ces langues. Dès lors, l’investissement de l’élève dans l’apprentissage d’une langue régionale risque de ne plus être plus autant valorisé, ce qui peut dissuader les nouvelles générations de choisir cette discipline.
La semaine prochaine, nous verrons l’utilité d’apprendre plusieurs langues, régionales ou non.