Un énième article de la presse sur la baisse de niveaux en orthographe chez les élèves de primaire est paru au mois de décembre 2023 à propos des performances des élèves de CM2.Cet article – toujours aussi accablant que catastrophé ! – reprend des chiffres de 2021 pour les comparer à ceux de 1987… Il est possible de s’étonner de ces faits et dates. Que dit cet article ? (en substance)…
« … en 2021, un enfant sur deux en CM2 ne savait pas écrire le mot « aussitôt » correctement, alors qu’en 1987, 80% des élèves y arrivaient. Mais ce n’est pas le seul mot à connaître ce sort. L’adverbe « peut-être », qui concentrait déjà certaines difficultés en 1987, continue de poser problème aux élèves de CM2 aujourd’hui. Seuls 52% d’entre eux n’ont pas fait de fautes à ce mot en 2021. Quant à « certainement » ils étaient moins d’un élève sur deux à savoir l’écrire. Hormis ces quelques mots, l’essentiel des fautes relève d’un manque d’application des règles de grammaire. »
Il est à noter que trois termes sont incriminés à savoir : aussitôt, peut-être et certainement.
- AUSSITÔT : dans les recherches actuelles ou passées, les compétences des élèves de primaire ont été sérieusement étudiées par des chercheurs qui ont démontré que ce terme n’appartient pas à la compétence des élèves de primaire ! En effet, il est impossible de demander à un.e apprenant.e d’orthographier n’importe quel mot à n’importe quel âge ! C’est nier les recherches en neurosciences voire le simple bon sens que de le faire !
Dans « l’échelle DUBOIS-BUYSE », réalisée par trois chercheurs (TERS, MEYER et REICHENBACH) éditions OCDL, ce mot apparaît comme « possible » à écrire en fin de CM2 (échelon 22). Cela signifie qu’au moins 75% des élèves de cette classe d’âge savent l’écrire, mais cette recherche date de 1940 (avec de nombreuses rééditions), au temps où l’Ecole ne ressemblait pas à celle d’aujourd’hui et où les élèves n’étaient pas exposé.es aux mêmes enseignements qu’aujourd’hui.
ÉOLE, Échelle d’acquisition en Orthographe LExicale (Béatrice & Philippe POTHIER, Retz, Paris 2024, réédition), ce terme est écrit, du CP au CM2, avec les pourcentages de réussite suivants : 22 %, 29%, 51%, 69% et 70%. CE qui témoigne d’une progression constante. Cependant les 75% de réussite ne sont pas atteints en fin de CM2. Pourquoi ?
Ce terme montre des difficultés multiples :
- Les [o] de « aussitôt » qui apparait deux fois dans le terme, en début et en fin, s’écrivant de façons différentes. Peut-être est-il bon de rappeler que ce phonème peut revêtir 23 façons de s’habiller en fin de mot ? Ici, il prend la forme de « ôt », qui n’est pas des plus courantes !
- Le phonème [s] peut revêtir une bonne douzaine de formes différentes, à savoir : « cette session scientifique pour fils maçons asthmatiques aura lieu à Metz, grâce au tzar, du six au dix et aura pour thème : « la succion »… »…
- [t], un seul ‘t’ ou deux ?
L’enfant qui doit écrire sous la dictée ne peut s’astreindre à se poser toutes ces questions : il n’en a pas le temps ! Ces termes doivent faire l’objet d’un apprentissage systématique car ils sont impossibles à orthographier sans !
Nous verrons les deux autres termes que les élèves de CM2 n’ont pas su écrire (en 2021 ?) la semaine prochaine, mais d’ores et déjà, posons-nous la question de connaitre les différentes difficultés des mots proposés aux enfants en apprentissage … Il apparait que les habitudes ont la vie dure et ne prennent guère en compte ce que disent, démontrent les chercheur/ses et leur travaux.
Pour terminer (momentanément) cette publication, nous vous proposons une citation en rapport avec le sujet de ce jour et vous proposons de la dater :
« Même dans l’enseignement secondaire où les études sont plus approfondies et plus longues, on remarque que beaucoup d’élèves sortent du lycée avec une connaissance imparfaite de l’orthographe. C’est ce qu’attestent tous les professeurs qui ont pris part aux examens universitaires.»