Chacun.e d’entre nous se souvient de ces leçons de grammaire où nous devions distinguer ce qui relevait des noms communs opposé à ce qui devait être classé parmi les noms propres… Pour ce faire, nous étions abreuvés de définitions et d’exemples. Maintenant que nous avons pris un peu de recul, revoyons les explications qui nous étaient données et qui étaient censées nous permettre de faire la distinction entre ces deux types de noms.
Définitions du dictionnaire Le Robert :
Non commun : Mot servant à désigner les êtres, les choses qui appartiennent à une même catégorie logique, et spécialement à une même espèce.
Question : les Français ? Monsieur le Président / le Juge? (lorsque c’est un titre).
Nom propre : Mot ou groupe de mots servant à désigner un individu et à le distinguer des êtres de la même espèce.
Question : Ma maman ? Le président de cette société ? Le Juge a énoncé la sentence ?
Nous retrouvons stricto sensu les mêmes définitions sur internet (média utilisé par les jeunes apprenant.es), avec un élément supplémentaire qui stipule que : les noms propres commencent par une majuscule…
Questions : Tous les mots qui commencent une phrase doivent-ils être considérés comme des noms propres puisqu’ils obligent à la majuscule ? Tous les noms sont-ils des noms propres en allemand (ils commencent tous par une majuscule) ? Lorsque nous lisons des textes de la Bible ou du Coran (recueil de textes religieux) le pronom – qui désigne le Christ ou le Prophète – est écrit avec une majuscule : « Il ». Est-ce pour autant un pronom propre ?
Par ces questionnements, on mesure les difficultés pour un.e apprenant.e de langue française à appréhender cette notion. La plupart du temps, les enseignant.es se servent d’exemples en lieu et place de définition tellement ces dernières s’avèrent inopérantes ! Encore faut-il que les exemples utilisés soient compréhensibles par les plus jeunes ou par les étranger.ères…
Le dictionnaire Le Robert commence les définitions de ces deux concepts en parlant de « nom » et les continue par « mot ». Les deux catégories grammaticales ne se recouvrent pas et cette présentation est dommageable. En effet, si les définitions étaient restées sur la notion de « nom », un pas aurait été franchi dans l’application de la majuscule et on aurait compris que cette marque ne pouvait s’appliquer à d’autres éléments de la phrase, à d’autres types de mots.
De fait, si l’on veut éclaircir cette partie de notre orthographe, il est possible de se souvenir que la majuscule ne s’applique qu’à la catégorie des noms. Il sera donc impossible qu’un adjectif, par exemple, se pare d’une majuscule.
Exemples :
Le Français est fier de la tour Eiffel / la langue française s’apparente au latin.
MAIS : * La tour Eiffel n’est-elle pas également dénommée : la Dame de fer ?
- Le français est parlé sur les cinq continents…
Lorsqu’il s’agit de parler d’une nationalité, retenons que la majuscule est requise lorsqu’il est question d’une personne, désignée grâce à un nom. Dès lors que faire avec les exemples suivants :
- Les tomates (nantaises / Nantaises)
- Les (japonais/ Japonais) construisent des voitures
- Ces élèves sont (Français/français)
- Ma sœur aime le (russe/Russe)…
Comme on le perçoit ces distinctions sont vraiment subtiles pour un.e apprenant.e qui n’a que faire de ces différences pour un premier contact avec la langue française.
Autre élément intéressant à développer qui intéresse également l’utilisation de la majuscule en français est celui qui permet de définir le concept de phrase. Dans les manuels de grammaire, la définition de cette entité « explique » que : « La phrase commence par une majuscule et se termine par un point. »
Cela implique que l’on connait cette règle – et auquel cas, il est aisé de la reconnaitre dans un texte à lire – mais elle n’aide pas du tout à maitriser l’emploi de la majuscule lorsque l’on est soi-même le scripteur. Par ailleurs, il existe un grand nombre de types de phrases qui peuvent contenir des incises, des relatives, des conjonctives, n’être qu’un seul terme, etc. Ce concept de « phrases » est difficile à appréhender pour et par des apprenant.es qui ne sont ni Proust ni Yourcenar…
La semaine prochaine, nous verrons que certains termes pourtant rigoureusement semblables (phonie et graphie) dans certains contextes s’orneront obligatoirement d’une majuscule et dans d’autres, ils seront des noms communs et se contenteront donc de la minuscule !