
Formations proposées
Comment la langue orale influence-t-elle la langue écrite ?
Les 36 phonèmes de la langue française peuvent se réaliser séparément, mais cela n’arrive jamais dans une conversation quotidienne. Les phonèmes sont interdépendants de leur entourage oral immédiat. Lorsqu’on prononce le phonème [b] – ou qu’on essaie de l’isoler pour aider un apprenant à le réaliser – il est prononcé d’une certaine façon. Cependant le locuteur le réalise-t-il exactement de la même façon lorsqu’il prononce « cet élève est absent » ? Que se passe-t-il phonologiquement ? Autre exemple : l’apprentissage de « neuf » /nœf/ semble évident dans quelque circonstance que ce soit… Dès lors prononce-t-on ce terme de la même façon dans « il est neuf heures » ? Ce phénomène est facilement explicable, mais l’adulte – maitrisant le passage de l’oral à l’écrit – n’en a bien souvent plus conscience… Ceci n’est qu’un exemple de la différence entre ce que nous disons réellement et de ce que nous croyons dire… La formation explique les diverses caractéristiques de chaque phonème et les relations parfois minimes qui les définissent et qui sont souvent la cause des difficultés ressenties par les apprenant.es. Des exercices seront proposés pour aider à l’apprentissage de la langue orale française.

La langue française pour les apprenant.es déficient.es auditif.ves
Initiation : 3 heures
Formation : 2 jours
Il apparait évident qu’on ne saurait enseigner la langue orale ou écrite de la même façon à des apprenant.es entendant.es et à des personnes ne pouvant percevoir les sons (phonèmes) avec la même discrimination auditive. Souvent la lecture labiale ne suffit pas. Par exemple, cette façon de faire n’est guère discriminante dans les exemples : « Marie est une belle fille » vs « Paris est une belle ville »…
Quels sont les éléments auxquels il faut faire attention avec les personnes déficientes auditives ? Comment comprendre leur approche différente de la langue orale et de la langue écrite ? Comment aborder les erreurs orthographiques des Sourds vs celles des entendant.es ? Pourquoi les personnes atteintes de surdité ne confondent-elles pas ce qu’il est (encore) appelé « les homophones grammaticaux », par exemple ?…
Les recherches en neurosciences montrent qu’un.e apprenant.e ne peut intégrer l’orthographe d’un terme à n’importe quel moment de la formation de son cerveau.
Pour tenter d’aider les formateurs dans ces apprentissages, nous avons mené une recherche durant 7 années, pour laquelle nous avons interrogé près de 50.000 élèves répartis statistiquement sur le territoire français (critères INSEE). L’échelle que nous avons produite est utilisée dans nombre de pays où la langue française est enseignée et elle est mentionnée dans les Textes de notre Éducation nationale. Cette Échelle d’acquisition en Orthographe LExicale (ÉOLE) non seulement donne des repères pour les termes à enseigner à chaque niveau de classe (du CP au CM2), mais permet également de comprendre les erreurs et dès lors, le fonctionnement des apprenant.es. Une question : quel est le terme qui est écrit (selon la norme) le plus précocement ? «Un alibi» ou «un hôpital»? «Un hôpital bien sûr !» C’est étonnant, mais assez facile à expliquer !
En 1990, un groupe de chercheurs de différents pays francophones (principalement des linguistes) se sont réunis pour débarrasser l’orthographe de la langue française de scories qu’elle avait glanées tout au long de son histoire, depuis les fausses étymologies (nénuphar, qui ne vient pas du grec, mais de l’arabe, ce qui exclut le digraphe «ph») en passant par des familles de mots hétéroclites (un bonhomme, mais la bonhomie) etc. Ces rationalisations de l’écrit de la langue (et non pas ces simplifications) ont été adoptées dans l’enseignement à la rentrée de septembre 2016 (choix ministériel) et ont été rendues non obligatoires à la rentrée de 2018 (par le même ministère)…
Ces changements sont pourtant bénéfiques pour l’apprentissage comme l’ont montré nos recherches qui ont interrogé des élèves du primaire dans plusieurs pays francophones… Ces travaux sont toujours d’actualité et permettent aux apprenant.es de passer moins de temps à apprendre des exceptions et, par conséquent, d’utiliser ce précieux temps à s’exercer sur des apprentissages plus formateurs tels que, par exemple, l’orthographe syntaxique qui exerce leurs compétences à la réflexion.
[Cette formation s’avère utile pour les apprenant.es, bien sûr, mais également en entreprise pour aider à la maitrise de l’écrit de façon rationnelle.]
Le terme de « syntaxe » permet de comprendre qu’en français, il est impossible de maitriser l’écrit sans réfléchir sur les termes qui composent un syntagme, qu’il soit nominal ou verbal. Tous les mots sont systématiquement en interaction les uns avec les autres : c’est ce que le vocable « syntaxe » signifie. Étymologiquement : syn = avec, + axe. La syntaxe représente tout ce qui se passe sur l’axe syntagmatique (ou axe des enchainements), c’est-à-dire tous les accords à respecter. Exemple : les petites filles jouaient avec des ballons. Contrairement à d’autres langues, le français écrit oblige à transcrire ce qui ne s’entend pas. Dans l’exemple « les petites filles », il n’y a que « les » qui indique que la phrase est au pluriel… Cependant, si « les » est remplacé par un mot de sens pluriel ne comportant pas la marque « s » du pluriel des noms et adjectifs, la suite requiert la même marque, non indiquée dans le déterminant : « beaucoup de petites filles jouaient… » Il en est de même dans le groupe verbal… /ɛlʃɑ̃tɛ/ ? Elle chantait ? Elles chantaient ? L’oral ne permet aucunement de distinguer la notion de nombre dans ces énoncés…
Ces constatations (et bien d’autres) montrent que – tout comme pour l’orthographe lexicale – le degré de maturation de l’apprenant.e contraint à une hiérarchisation dans les apprentissages. Pour aider l’enseignement – et l’apprentissage – nous avons effectué une recherche auprès de 4.500 élèves environ, du CP au CM2, qui ont tous et toutes écrit 150 phrases vérifiant 15 compétences en orthographe syntaxique. Cette recherche (PAROS : Pour un Apprentissage Raisonné en Orthographe Syntaxique) a permis la hiérarchisation desdites compétences et il est possible maintenant de connaitre la progression à adopter dans les enseignements, compte tenu du niveau de classe. L’ouvrage qui a suivi : PEFOS (Pour une Évaluation Formative en Orthographe Syntaxique), constitue un recueil d’exercices spécifiques pour chaque notion et chaque niveau de classe. Il permet de mettre ces principes en action tout en prenant du plaisir à apprendre, seul.e, à deux ou en groupe.
Cette hiérarchisation est maintenant adoptée dans un certain nombre de pays francophones.

L’enseignement de langue française pour étrangers
Formation selon le niveau de connaissances de l’apprenant.e.
L’apprentissage du français langue étrangère (FLE) ne pourrait se construire comme si le sujet apprenant était francophone. Il faut obligatoirement prendre en compte et connaitre les fonctionnements de la langue maternelle sur laquelle l’apprenant.e va s’appuyer pour acquérir le français. Il est nécessaire de connaitre les systèmes phonologiques de la langue source ainsi qu’un minimum de ses fonctionnements (statut du genre, pluriels de noms, conjugaisons, etc.) pour comprendre les pierres d’achoppement des apprenant.es allophones.
L’enseignement doit se faire de façon progressive, mais la maitrise de la langue du pays où l’on vit est essentielle pour s’acclimater à la société, comprendre les consignes au travail, répondre aux différentes exigences de l’administration etc. Cette formation s’adresse également aux entreprises dont les employés viennent d’un pays utilisant un autre idiome et qui ont besoin des connaissances lexicales et syntaxiques pour exercer leurs métiers mais également pour leur permettre de vivre une vie sociale satisfaisante.

L’enseignement de l’orthographe syntaxique pour les allophones
Formation selon le niveau de connaissances de l’apprenant.e.
Si l’on désire porter un regard plus exercé sur l’apprentissage de la langue française, il faut s’arrêter sur l’aspect « grammatical ». En effet, enseigner l’orthographe à une personne de langue maternelle étrangère ne se construit pas de la même façon que pour un.e apprenant.e francophone. Une personne apprend toujours une langue étrangère à partir de sa langue maternelle. Cela signifie que non seulement l’oral insistera sur les phonèmes inexistants dans la langue maternelle : par exemple, les phonèmes vocaliques nasalisés (en français : [ɑ̃][œ̃][ɛ̃][ɔ̃] dans le chant, le parfum, le lapin et le son) n’existent que dans très peu de langues. Ils seront dès lors plus délicats à enseigner.
De la même façon, on ne peut enseigner la notion de genre à un anglophone dont la langue ne comporte pas cet aspect au niveau lexical (a man/a woman), comme à un germanophone qui connaît trois genres, mais qui ne les distribue pas de la même façon qu’en français (die Sonne, der Mond : le soleil, la lune) ou encore à un italianophone qui ne connait guère de difficulté dans sa langue maternelle puisque le genre est marqué à l’oral (un ragazzo, una ragazza) ou encore à un arabophone, etc. Il est alors impératif de connaitre les fonctionnements de la langue maternelle de l’apprenant.e pour lui proposer des apprentissages adaptés.